BMO
Tinfang Warble
Inscrit le: 24 Aoû 2004 Messages: 157
|
Posté le: 24 Aoû 2004 21:28 Sujet du message: |
|
|
Ouais, toujours est il, que c'est une oeuvre...
Moi j'éspère toujours voirs tous les HoME traduits, et la j'aurai ma bible!
D'ailleur, petite citation du Home XIII (traduit par moi-meme), faites gaffe, ce passage que je vous offre, est très précieux...
Citation: | "Les représentations qui les traversèrent étaient toutes teintées de leurs propres amertumes mais également d’un étrange sentiment de puissance qui entremêlait le plaisir à la mélancolie ; elles virent la voie qui apparaissait à travers le Grand Océan et se perdait jusqu’aux cimes de Valinor, mails, alors qu’elles s’approchaient de Tol-Eressaë, Ulmo se dressa en travers de l’allée légendaire et déchaîna sur elles sa puissance affluante ; étrangement, malgré toute leur fureur, les lames étaient un duvet de poudrins, et leurs corps qu’elles voyaient meurtris par la clameur de ses assauts ne sentaient que des baisers d’écume que les quelques remous lacustres d’une mer défunte et glacée aurait pu leur donner.
Elles furent alors violemment déposées sur le sol magnifique du pays doré ; sa délicatesse captivante, ses montagnes célestes, ses contées à la beauté mille fois glorifiées par les chants de ceux qui les avaient fuies un jour de démence, leur semblait trop excessives et le rayonnement qui émanait de la terre bénie leur brûlait le visage. Aman était merveilleusement cruelle et les délices visuels que chaque enfant d’Illuvatar rêve de contempler un jour, leur paraissaient monstrueux de magnificence.
C’était un jour de fête à Valinor, une musique enjouée y raisonnait paisiblement, des guirlandes multicolores illuminaient les arbres sacrés, mais les visages étaient graves, Varda paraissait endeuillée et grande était son ombre, Niennor souriait amèrement et quand leurs regards se croisèrent, elle plongea dans un rire terrifiant, tandis que Manwë, assis sur un trône ciselé dans le diamant, reposait nonchalamment sa tête sur un de ses poings d’airains, l’air morose et désabusé. Il leur fit un signe de la main, et désigna d’un geste évasif les jardins de Lorien. Le dieu des songes y était prostré en pleurs sur une souche rutilante, au milieu de graminée dorées et coruscantes dont chaque brouillard bigarré était une fleur de spath, mais des ombres inquiétantes promenaient leurs ténèbres à la base de chaque plante, des serpents enroulaient çà et là leurs longueurs chatoyantes autour de quelques branches et des pétales immaculés émanait un souffle nauséeux semblable aux odeurs mortuaires qui embaument les vergers du repos éternel, les soirs pluvieux et caniculaires. Au centre de ce paradis souillé, le corps de Miriel s’enflamma doucement, et, comme un astre courroucé, elle je tait ses larmes incandescentes sur les baliveaux sélénites entourant son sépulcre, qui, apeurés et respectueux se terraient dans leurs pénombres.. . Alors, Lorien soupira : « J’ai tué la première enfant d’Illuvatar, ôtez-moi ces tâches de sang qui rongent mon feä, j’ai négligé les rêves de la malheureuse alors qu’elle engendrait une puissance incandescente et funeste .. . » Et alors qu’il prononçait ses paroles d’une voix cristalline et magnifique, son visage se tordait de remords.. .
A nouveau, elles survolèrent Aman et foulèrent les hauteurs du Taniquentil, la fête était à son apogée, on y chantait, on y dansait, mais ceux qui préludaient les pas légers de l’allégresse portaient le masque de l’affliction et ceux qui entonnaient les panégyriques de l’auguste Valinor, se consumaient de sanglots contenus. Soudain, Mandos s’éleva derrière elles, ne pouvant distinguer son visage, dissimulé qu’il était derrière une barbe de brume, elles virent cependant ses yeux noirs qui reflétaient la lumière de ses funèbres cavernes. Il les mena donc dans les espaces béants de son royaume où elles y rencontrèrent tout leurs proches et parents, ceux qui avaient péri, comme ceux qui vivaient encore après leur départ. Ce fut, il va sans dire, une exultation pour elles que de pouvoir à nouveau contempler ces figures familières, de les embrasser encore, de les serrer contre elles et de mêler leurs pleurs.. . Mais cette effusion d’allégresse ne dura qu’un temps et elles sentaient que derrière les rires de leurs proches se blottissaient un dégoût cynique, que leurs larmes de joies avaient le goût du fiel et que leurs paupières plissées par le ravissement recouvraient des regards accusateurs chargés de reproches ; alors, chaque mot doux, tendrement adressé eut la mélancolie d’un jugement et chaque caresse devint froide et embarrassée, les repoussant toujours plus violemment alors que les mouvements se voulaient plus doux et plus tendres.
Mais, de même que la furie de l’Océan n’avait su comprimer leurs esprits, de même que la désolation de Valinor n’avait pu chagriner leurs âmes, le spectacle de leurs familles tordues par la jubilation et le chagrin n’émut pas même leurs coeurs, et nul désarroi ne vient les hanter. Alors, elles s’envolèrent de ce lugubre royaume et se retrouvèrent au beau milieu du Mahalaraxa, le conseil des Valar qui siégeaient terribles et majestueux ainsi que des géants mortifiés, et déchaînaient leur colère à travers un calme impérieux. Il leur sembla qu’elles assistaient à un procès exceptionnel, une multitude d’elfes étaient rassemblés pour y assister et commentaient, dans un tapage général qui, du verdict possible, qui du destin des accusés.. . Alors la sentence tomba, elles étaient coupables.. . Au même instant, un cri discordant retentit au coeur de la foule, un elfe aux cheveux hirsutes et l’air hagard, se démenait comme un beau diable en vociférant contre l’injuste verdict, et, malgré sa peau lumineuse et ses yeux séraphiques elles reconnurent Ghâshkurk, dont les protestations furent rapidement lapidées par ses voisins.
Elles furent menées près des frontières du domaine de Niennor où les brumes étaient reines. Celle qui ne sourit jamais versa une larme dans chacune de leurs paumes, en guise d’adieu, et, alors que les autres Valar s’affairaient dans leurs controverses usuelles, elle leur chuchota : »Toute espérance n’est pas égarée, et vous trouverez la moisson de vos songes sur le sein même du désordre. »
Alors elles avancèrent résignées sur un chemin pavé de nuages claquemurés dans des nuées d’argent et, alors qu’elles semblaient perdues au milieu de ce désert de brouillard, où un grognement somnolait dans chaque effluve qui se refermait sur leur pas, elles aperçurent une porte gigantesque se profiler à travers les tentures d’argent, et, tandis qu’elles s’en approchaient lentement, les battants aux mille couleurs de l’ombre s’ouvrirent paisiblement sur un vide angoissant, un gouffre d’éternité qui resplendissait de tumulte. Deux dragons monumentaux étendaient leur noirceur oblongue sur les tours scintillantes qui s’élevaient de part et d’autres des canevas infinis de cette porte ; et, l’oeil vif, ils considéraient voracement ces nouvelles venues, ces êtres négligeables qui allaient grossir le royaume des parias et des damnés que Valinor refoulait. Soudain, ils dardèrent des flammes de glace et de sang, tandis que Lomeliniel franchissait, toujours première, le seuil des contrées extérieures.
Lurenainië fermait la marche et alors qu’elle s’apprêtait elle aussi à sortir des cercles du monde, elle se mit à songer une dernière fois à Ghâshkurk, à la façon dont il avait été rué de coups, à la manière dont il avait hurlé pour elle et, alors qu’elle murmurait mélancoliquement son nom, les portes couleurs de crépuscule se refermèrent cruellement sur elle .. .
Lors, elles plongèrent toutes avec délice dans un fracas de courbes et de sons, il leur semblait qu’elles se roulaient dans des légions de feuilles qui bruissaient doucement ou crépitaient à leur venue. Alors que les feuilles leur caressaient délicatement le visage de leurs soies fibreuses, elles entendirent leurs parents rugir leurs noms une dernière fois et, s’éveillant, elles virent les ombres de la ramure de l’arbre millénaire danser dans les dômes de l’obscurité et dessiner leurs silhouettes sur une lune vaste et démesurément éblouissante." |
_________________ Un bien beau vieillard. Très poli. |
|